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Le Musée vu par Samuel Labarthe Samuel Labarthe est un acteur de théâtre et de cinéma, ancien pensionnaire à la Comédie-Française. Il vient de terminer le tournage d’une série pour France TV sur le général de Gaulle qui est diffusée cet automne.

Parlez-nous de votre dernière visite au musée de l’Armée.

Samuel Labarthe: J’ai eu l’honneur et le vif plaisir de découvrir l’historial Charles de Gaulle un soir de fermeture afin d’y donner une interview pour France 3 sur la sortie en automne 2020 de la série consacrée au Général intitulée L’Éclat et le Secret, réalisée par François Velle (fils de Louis Velle). Si j’ai d’abord été amusé, dès l’entrée, par le trombinoscope du Général, j’ai ensuite été saisi par le parcours en photos et en documents retraçant ainsi la vie militaire et politique de ce grand homme. Je revoyais, en effet, comme un livre d’images fixes, ce que nous nous étions efforcés de traduire en mouvements lors de notre tournage. Et j’étais ému et parfois émerveillé, comme à la lecture d’un album de famille. Car il me semblait alors connaître, reconnaître même, les scènes que je découvrais sur les murs.

Quelle image vous a le plus touchée lors de votre visite de l’historial Charles de Gaulle ?

S. L.: Cet Historial impressionne par ses dimensions et son architecture. C’est un véritable voyage spatio-temporel des années 40 à la fin des années 60. Les installations interactives audio ne fonctionnaient pas lors de ma visite et j’ai compris que les salles allaient faire peau neuve. J’ai été particulièrement choqué en revanche par les traces et graffitis sur les murs attestant de l’absence de surveillance des accompagnants lors des visites scolaires. J’espère que l’on trouvera une solution à ce problème.

Quel discours du général de Gaulle préférezvous ? Que représente-t-il pour vous ?

S. L.: J’ai eu plusieurs discours à «refaire» pour les besoins de la série, car nous avions décidé qu’il n’y aurait pas d’image d’archives ni de discours radiophoniques. J’ai été particulièrement ému d’enregistrer, face au véritable micro de l’époque prêté par un collectionneur, le discours du 18 juin, pour lequel d’ailleurs il n’existe aucun enregistrement. Cet appel solitaire au lendemain de la capitulation qui exhortait les Français libres à le rejoindre pour continuer le combat ! Le discours du débarquement aussi « … Et voici que reparaît le soleil de notre grandeur ! » Et que dire du discours de l’Hôtel de Ville en août 44, le fameux «Paris brisé… » ! Tant d’ardeur, de ferveur, d’émotions palpables. De ces moments qui font l’Histoire !

Et puis bien sûr le discours du 10 novembre 1968 pour le cinquantenaire de la Grande Guerre, dans la cour des Invalides où, jadis, il travaillait aux côtés de Philippe Pétain à qui il rend hommage pour son rôle décisif en 1918. Alors âgé de 78 ans, Charles de Gaulle prononce un discours magistral de vingt minutes, sans prompteur, sans notes. Pas une hésitation pour cet homme qui écrivait lui-même ses discours et les apprenait par cœur!

Il nous donna alors, pour ce qui allait être un de ses derniers discours publics, une démonstration de prise de parole. Cette voix qui d’abord s’est faite entendre seule de l’autre côté de la Manche et qui s’est imposée dans le cœur et l’âme des Français au cours des années, faisant vibrer nos valeurs et notre histoire, résonne aujourd’hui avec encore plus de force. Il avait en effet coutume de dire en 1969, après sa démission, que les Français se rendraient compte dans dix ans qu’il avait raison, mais encore plus de cinquante ans. Nous y sommes.

(source : écho du Dôme)