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Armure aux lions Photo (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette

De la mort de Léonard de Vinci, à la naissance de Catherine de Médicis, en passant par la pose de la première pierre du château de Chambord, l’année 1519 est traversée par nombre d’événements symboles de la Renaissance en France. 500 ans plus tard, c’est l’éblouissant héritage de cette période d’émulation artistique, scientifique et intellectuelle que la Région Centre – Val de Loire met en lumière.

Cette région, berceau de la Renaissance, valorise ses richesses culturelles et patrimoniales autour d’expositions, célébrations historiques, spectacles et visites guidées. Les châteaux de la Loire cristallisent à eux seuls l’esprit de renouveau éminemment fécond, propre aux XVe et XVIe siècles. Aussi se trouvent-ils au cœur des festivités de 2019. L’exposition Chambord, 1519-2019 : l’utopie à l’œuvre, propose au public une thématique et un parcours inédits déclinant l’histoire du château de François Ier au passé et au futur. Plusieurs manifestations mettent le génie de Léonard de Vinci à l’honneur, en attendant la grande rétrospective que lui consacrera le musée du Louvre à l’automne ; au château du Clos Lucé à Amboise, l’événement Léonard de Vinci, ses élèves, la CèneetFrançois Ier permet ainsi aux visiteurs de découvrir, dans l’emblématique demeure de Léonard, une tapisserie de la Cène provenant du Vatican. Bien plus qu’une simple commémoration, les 500 ans de la Renaissance sont destinés à créer un véritable élan populaire, culturel et scientifique autour de cette période d’effervescence intellectuelle et artistique. S’adressant tant au grand public qu’à des visiteurs initiés, l’événement construit autour d’une programmation éclectique s’insère dans une dynamique d’innovation et d’évolution. Nouvelles technologies, créations contemporaines et initiatives en tous genres trouvent parfaitement leur place à l’occasion de cet anniversaire historique. En plus de magnifier les 500 ans de la Renaissance, elles s’inscrivent dans le prolongement des esprits créatifs de cette époque.

Le musée de l’Armée, riche de collections particulièrement représentatives de l’histoire politique, artistique et militaire du XVIe siècle, est très largement présent tout au long de cette année de festivités grâce aux nombreux prêts consentis à plusieurs des expositions proposées, aux thématiques fort diverses comme on le verra ci-dessous. Cette saison « Renaissance » déborde d’ailleurs les frontières de la région Centre – Val de Loire puisqu’elle a débuté le 31 mars dernier au château de Saint-Germain-en-Laye, cadre du Musée d’Archéologie nationale, avec l’exposition Henri II. Renaissance à Saint-Germain-en-Laye. Le musée de l’Armée contribue à l’évocation du souverain Valois en prêtant la somptueuse armure commandée à l’atelier milanais des Negroli alors qu’il n’était encore que Dauphin, une masse-d’armes damasquinée dont le décor évoque son mariage à Marseille avec Catherine de Médicis, une bourguignotte italienne et une couleuvrine portant son chiffre et sa devise.

Ces festivités se poursuivent à Loches, lieu de captivité de Ludovico Sforza, mécène de Léonard de Vinci, avec une exposition évoquant l’illustre prisonnier. Le Musée prête le casque de son adversaire, Gian Giacomo Trivulce, condottiere italien passé au service des Français, qui lui a succédé comme duc de Milan. Cette pièce, dépôt du Kunsthistorisches Museum de Vienne, figurait à la fin du XVIe siècle dans la galerie des grands capitaines du château d’Ambras, près d’Innsbruck. Le château royal de Blois, où ont grandi de nombreux enfants royaux, s’intéresse quant à lui à la maternité des reines de France et à l’éducation des princesses et des princes à la Renaissance : l’apprentissage du métier des armes était très précocement imposé à ces derniers, comme en témoignent les jouets guerriers et les armures d’enfant mis à disposition par le musée de l’Armée pour cet événement. La mort de Leonard de Vinci, en 1519, choisie comme point de départ de ce festival-anniversaire prend une résonnance particulière à Chambord puisqu’il s’agit également de la date du début de la construction de ce château stupéfiant, à l’invention duquel Leonard a contribué. Cette utopie architecturale, qui fait écho au concept d’Utopia développé par Thomas More trois ans auparavant, est le thème de l’exposition proposée par le philosophe Roland Schaer, qui interroge ce château « idéal », résumé du royaume et du monde, à un moment où son bâtisseur, François Ier, se rêve Empereur. L’armure aux lions, l’épée dite de Pavie, ou la bourguignotte « à l’antique » évoquent l’utopie héroïque du roi de France, aspirant à la souveraineté universelle. Voisin du domaine de chasse de Chambord, le château de Beauregard accueille de son côté une manifestation autour des plaisirs et divertissements de la cour, qui correspond à la fonction de pavillon de chasse royal que jouait cette résidence. Une des pièces maîtresses du parcours imaginé par l’historien Cédric Michon est une armure de joute contemporaine d’Henri II.

Cet équipement magnifique a pu être présenté grâce au plan Culture près de chez vous mis en place par le ministère de la Culture, qui permet à des sites plus modestes d’accueillir d’importants trésors patrimoniaux. Au château de Sully-sur-Loire enfin, c’est à un aspect plus sombre du siècle de la Renaissance que sera consacrée l’exposition d’automne. L’année 1519 correspond en effet également à la naissance de François de Guise comme à celle de son adversaire, Gaspard de Coligny, dont l’affrontement va marquer les trois premières guerres de Religion (1562-1572) qui ensanglantent le Val de Loire. Armes et armures prêtées par le musée de l’Armée témoigneront de l’art de la guerre et de la violence de ces combats fratricides pendant cette période troublée. Au-delà de cet anniversaire des 500 ans de la Renaissance, qui représente certainement un des événements phares de l’été culturel en France, l’intérêt pour le XVIe siècle est également vif à l’étranger, où les collections anciennes du musée de l’Armée sont aussi très sollicitées : le Metropolitan Museum of Art à New York inaugurera en octobre prochain une manifestation dédiée à l’Empereur Maximilien Ier de Habsbourg. The last Knight (Le Dernier chevalier) s’attachera particulièrement à la dimension chevaleresque de ce souverain chimérique, à son goût pour la chasse, à sa fabuleuse écurie de joute, aux armures issues de ses ateliers d’Innsbruck qu’il offrait à ses alliés, autant d’aspects que les richesses de notre établissement permettent d’illustrer.

(source : Echo du Dôme, bulletin d'informations du musée de l'Armée)