Nouveau défi pour l'armée de Terre :
La pensée militaire au service de l’action
Le métier des armes s’exerce principalement dans l’action, que ce soit à l’entraînement ou au combat. Il n’est toutefois pas exclusif de la réflexion. Comment remporter la victoire ? Quels moyens pour vaincre ? Quelle éthique pour le militaire ? Hier comme aujourd’hui, la pensée est indissociable de l’action de l’armée de Terre.
L’écrivain militaire est une figure forte du patrimoine intellectuel français. De Guibert ou Folard au XVIIIe siècle, en passant par Jomini après les guerres napoléoniennes ou Ardant du Picq au XIXe siècle, jusqu’à Foch ou Beaufre au XXe siècle : les militaires n’ont cessé de réfléchir ou d’écrire sur le phénomène guerrier.
Editorial du général d’armée Thierry Burkhard, chef d'état-major de l'armée de Terre
" Depuis plus de 20 ans, notre armée est très engagée dans des opérations difficiles où elle acquiert une expérience indéniable. Mais nos adversaires actuels ne nous mettent pas en réelle difficulté. Cependant, la donne change et notre environnement géopolitique voit l’affirmation de puissances régionales ou globales. Dans un monde de compétition permanente où la contestation peut rapidement basculer en affrontement, réapprendre la grammaire des rapports de force n’est plus une option. Nous devons être capables de dissuader et de vaincre un adversaire qui, comme nous, a une intention et la ferme volonté de la réaliser. Dans les guerres de demain, les chefs à tous les niveaux auront donc un rôle déterminant à jouer. C’est la raison pour laquelle l’armée de Terre s’investit tout particulièrement dans leur formation. Mais il reste des progrès à faire. Si la « technique opérationnelle » est connue – la connaissance des schémas et des procédures – la maîtrise tactique, qui est le plus difficile, est encore perfectible. Nos chefs manquent d’aisance pour « se mettre dans la tête » de l’ennemi et imaginer sa manœuvre. Une dissertation est réussie quand le sujet est bien défini et bien analysé. Il en va de même pour toute manœuvre militaire. Elle est bien conçue et permet de vaincre quand elle s’appuie sur la description la plus juste et la plus précise possible de l’ennemi et de l’environnement. Telle est la base de la réflexion et de la formation tactiques. Le Centre de docctrine et d’enseignement du commandement (CDEC), creuset de la pensée militaire, en a fait sa priorité.
C’est la raison pour laquelle l’armée de Terre s’investit tout particulièrement dans leur formation. Mais il reste des progrès à faire. Si la « technique opérationnelle » est connue – la connaissance des schémas et des procédures – la maîtrise tactique, qui est le plus difficile, est encore perfectible. Nos chefs manquent d’aisance pour « se mettre dans la tête » de l’ennemi et imaginer sa manœuvre. Une dissertation est réussie quand le sujet est bien défini et bien analysé. Il en va de même pour toute manœuvre militaire. Elle est bien conçue et permet de vaincre quand elle s’appuie sur la description la plus juste et la plus précise possible de l’ennemi et de l’environnement. Telle est la base de la réflexion et de la formation tactiques. Le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC), creuset de la pensée militaire, en a fait sa priorité. Nos chefs qui préparent leurs unités aux conflits fut
Nos chefs qui préparent leurs unités aux conflits futurs doivent aussi se projeter dans l’avenir. C’est une autre mission du CDEC qui rédige en ce moment même le nouveau concept d’emploi des Forces terrestres. Ce document, essentiel pour adapter « l’offre stratégique terrestre » aux défis d’aujourd’hui et de demain, sera diffusé l’été prochain. Il structurera l’ensemble de la réflexion doctrinale et prospective de l’armée de Terre et il guidera les chefs dans leur préparation opérationnelle de la haute intensité."
Extrait d' Au Contact N° 48 - avril 2021