Tout au long de la pandémie, les moments de commémoration et notre capacité à honorer ces jours réservés à la réflexion et à l'introspection ont été remis en question, mais nous avons su surmonté cela. Alors que nous sortons collectivement de cet événement qui a changé notre vie, les Amis se souviennent des membres et sympathisants qui nous ont quittés au cours de la dernière année.
Nous nous souviendrons d’eux
AUX SOLDATS MORTS Émile Verhaeren
Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans Et qui êtes tombés en ce dernier printemps Où plus que jamais douce apparût la lumière. On n’osait plus songer aux champs d’or Que l’aube revêtait de sa gloire irisée; Seule, la sombre guerre occupait la pensée Quand, au fond des hameaux, on apprit votre mort. Depuis votre départ, à l’angle de la glace, Votre image attirait et le cœur et les yeux; Et nul ne s’esseyait sur l’escabeau boiteux Où tous les soirs, près du foyer, vous preniez place. Hélas! Où sont vos corps jeunes, puissants et fous ? Où sont vos bras, vos mains et les gestes superbes Qu’avec la grande faux vous faisiez dans les herbes ? Hélas, la nuit immense est descendue sur vous. Vos mères ont pleuré dans leur chaumière close, Vos amantes ont dit leur peine aux gens du bourg, On a parlé de vous, tristement, tous les jours, Et puis un soir de juin, on parla d’autre chose.
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